Le maraîchage
Le maraîchage est une des activités historiques de la ferme des Volonteux. Au cours de sa courte histoire, la ferme a vu jusqu'à 3 activités maraîchères différentes. Depuis 2020, une seule activité gère les différents débouchés : vente en direct à l'épicerie pour moitié, vente sur le marché de producteurs de la place St Jean à Valence pour un quart, et le dernier quart est envoyé à des épiceries partenaires dont principalement la Carline à Die.
Avoir créé une seule activité maraîchère a permis de simplifier la logistique en interne, ce qui représente un gain de temps et de charge mentale non négligeable. Nous avons choisi un modèle en demi-gros avec une diversité de légumes importante. Nous cultivons certains légumes en quantité suffisamment importante pour fournir d’autres épiceries sur +/-6ha, dont 3200m² de serres.
Notre équipe actuelle est composée de 6 personnes pour +/- 5 équivalents temps pleins. Hasard ou pas, il s’agit d’une reconversion professionnelle pour la majorité d'entre nous. Nous sommes une équipe avec des profils variés (anciens citadins ou agriculteur par histoire familiale). Travailler en équipe permet également de pallier l’isolement social que subissent certains agriculteurs.
Ce sont des métiers difficiles qui le sont encore davantage à cause de la mauvaise image que l’agriculture « conventionnelle » a jeté sur la profession au fil des dernières décennies. En effet, les méthodes qu’elle emploie sont destructrices pour le vivant. Le recours à la chimie permet de casser les prix, ainsi les consommateurs se retrouvent en position d’arbitre sans forcément avoir toutes les informations nécessaires pour faire leurs choix, et sans savoir ce qui se cache derrière un légume ou un prix.
La culture biologique
Depuis ses débuts, la production maraichère respecte le cahier des charges de l’agriculture biologique. Nos ambitions personnelles nous poussent même à aller au-delà de la réglementation et de mettre en place des pratiques qui nous paraissent bonnes pour la vie du sol, dès que nous le pouvons.
Nous cultivons sous serres et en plein champ. Les serres sont devenues indispensables pour permettre d’augmenter la diversité et d’étendre les périodes de culture (commencer plus tôt, finir plus tard). Nos cultures sont organisées par planches dites permanentes. Chacune fait 1m40 par 50m. On travaille les planches au cultibutte (pour en savoir plus sur l’outil, voir sur la page de l’atelier paysan). La terre est un peu surélevée. Les racines sont alors plus aérées et décompactées. Elles sont aussi bien matérialisées ce qui fait qu’on évite le tassement par trop de passages.
Pour prendre soin du sol et ne pas le laisser nu, nous cultivons des engrais verts, comme le sorgho ou le trèfle. À quoi ça sert ? Ils ont plusieurs impacts positifs : empêcher l'invasion de plantes non souhaitées, appelées adventices par les agriculteurs et une fois coupées, nourrir le sol par les micro-organismes qui se développeront en se nourrissant des ces déchets verts. Nous limitons aussi au maximum l’utilisation de paillage plastique.
La fumure est apportée pour moitié par les déjections de nos animaux (moutons et vaches), auquel on rajoute du fumier d'un élevage en Drôme Nord, puis du BRF (Bois Raméal Fragmenté) donné par des paysagistes du secteur. Pour le composter, on le dispose en andain : il est passé dans des "hérissons" ce qui le fragmente et le projette en apportant l'oxygène qui redynamise les micro-organismes qui nourriront le sol.
Nous avons décidé de nous passer des outils animés (type motoculteur ou rotovator ou rotobèche). Cependant, nous avons fait le choix de mécaniser au maximum les opérations de désherbage. Sylvain a développé au cours des 3 derniers hiver une gamme d’outils de binage inspirés de l’atelier paysan que nous attelons à nos différents tracteurs. Cela permet de gérer l’enherbement de nos parcelles de manière efficace, sans produits chimiques.
Nous pourrions faire mieux en ayant recours à la traction animale, mais nos finances sont encore trop tendues pour que nous puissions nous le permettre économiquement (atteler un tracteur reste plus rapide qu’atteler deux chevaux). De la même manière nous aimerions pouvoir expérimenter d’autres approches de notre métier comme le « maraichage sol vivant » (MSV) qui vise à produire sans travail du sol, mais nous jugeons que nous ne sommes pas encore assez stables économiquement pour nous permettre ces expérimentations. Ce décalage que nous vivons parfois entre nos envies et la réalité, la plupart (tous ?) des agriculteurs doivent y être confrontés.
Quand nous n’avons pas d’autres alternatives, et que le problème est tel qu’il met en péril nos cultures, nous utilisons alors les traitements à base d'extraits naturels autorisés par les normes biologiques seulement . Par exemple nous préférons procéder à des lâchers d’insectes sous serre au printemps.
En 2023, nous sommes à un nouveau tournant pour l’activité maraichage de la ferme, car nous allons arrêter de livrer notre plus gros client (la carline à Die qui est désormais approvisionnée par Olivier et Louisa, que nous connaissons bien, et à qui nous souhaitons le meilleur !). Nous allons donc recentrer nos débouchés sur l’épicerie et le marché hebdomadaire. L’équilibre économique de notre activité est fragile malgré le fait que nos productions se portent bien dans l’ensemble, et malgré les choix techniques que nous opérons depuis 3 saisons.
Nous avons donc augmenté nos prix de 4% au 1er janvier sans quoi notre atelier ne serait plus à l’équilibre. Le but pour nous est de pouvoir continuer à faire notre métier le plus longtemps possible, en faisant cohabiter nos ambitions écologiques, la réalité économique, le tout en ayant un légume qui reste accessible au plus grand nombre. Drôle d’équation ! Le contexte de baisse de la vente en bio nous inquiète, mais nous nous estimons chanceux d’avoir les clients que nous avons, car dans ce contexte difficile pour la filière, nous avons des ventes stables à l’épicerie comme au marché de Valence, et c’est un point très encourageant pour nous.
Nos partenaires :
L’atelier paysan est une association nationale qui vise à rendre de l’indépendance aux paysans en leur proposant des formations de conception d’outils low-tech et de travail du métal (découpe / perçage / soudure). Cette démarche colle parfaitement à nos valeurs et nous sommes fiers de faire partie de ce réseau.
Fermes partagées : Et si l’agriculture de demain voyait se multiplier des fermes collectives et coopératives, ancrées sur leur territoire, lieux de production agricole diversifiée mais aussi de lien social, de biodiversité, de diffusion culturelle… ? Des fermes accessibles au plus grand nombre où devenir paysan n’est plus un parcours du combattant mais une aventure partagée dans laquelle chacun s’entraide et partage des outils, du temps, des idées, de l’énergie…
Les Volonteux accompagnent des projets d'installation avec un réseau d'autres assos comme Terre de Liens.